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Le Vannon

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Histoire(s) de la vallée de la Saône et du Vannon


La navrante traversée du bac de Ray-sur-Saône

Publié par Jean Pierre VIENNEY sur 21 Novembre 2020, 15:50pm

La navrante traversée du bac de Ray-sur-Saône

Qui peut imaginer que les eaux calmes de la Saône ont été, à cet endroit, le théâtre d'un naufrage catastrophique un beau matin de mars 1853. C'est cette terrible histoire que je vais vous raconter. 

Etienne, François, Paul et les autres…

…Alexis, Pierre, Sébastien, Jean-Baptiste, Claude-Etienne, Jean, Philippe, Claude-Antoine, Joseph-Auguste…et Appoline.

Il y avait 15 hommes de 16 à 61 ans et une jeune fille de 15 ans.

Ils habitaient tous des villages, parfois éloignés, mais situés sur la rive droite de Saône. Ils venaient de Tincey, Villers-Vaudey, Vannes, Saint-Marcel, Chargey-les-Port, Fleurey-les-Lavoncourt, Gesincourt, Francourt, Vauconcourt, Aboncourt et même de Sandaucourt ou de Les-Thons tout court dans les Vosges.

En ce petit matin frais du 14 mars 1853, ils faisaient partie de la foule arrivée à Ray qui s’impatientait pour “passer le bac” sur Saône.

A cette époque, il y avait très peu de ponts sur la Saône mais de nombreux “bacs à traille” qui traversaient la rivière le long d’une corde à laquelle ils étaient accrochés. La manœuvre de la traversée était effectuée à bras par deux ou trois passeurs qui tiraient sur la corde.

Faire la foire :

Et ce jour-là, ils étaient plus de 300 avec leurs bœufs, chevaux, volailles et bagages à piétiner, s’agacer, s’énerver et s’invectiver à force d’attendre pour traverser et se rendre à la foire trimestrielle de Vellexon.

Vellexon et ses hameaux de Queutrey, Vaudey et Les-Baraques était à cette époque un bourg de près de 1500 habitants, grossi à l’ombre du château qui n’a jamais cessé de narguer Ray sur l’autre rive de Saône grâce à une activité industrielle et commerciale variée et florissante.

Une population importante de charbonniers, de mineurs, de carriers, des commerces de chaussures et de vêtements, des artisans sabotiers, des ferblantiers, une sablière au confluent de la Saône et de la Romaine très réputée, un haut fourneau et surtout une importante usine de production de sucre de betterave, d’alcool et de spiritueux animaient l’active petite ville toute l’année et en particulier lors des quatre grandes foires (aux dates fixées par décret impérial du 10 mars 1807) le 14 mars pour la Saint Lubin, le premier juin jour de la Saint Probas, le 30 septembre qui fête Saint Jérôme et le 20 décembre lors de la Saint Philogone ! Inutile de dire que ces dates étaient toujours très attendues.

Il fallait y être, on y venait de loin et on y dépensait beaucoup !

 

La navrante traversée du bac de Ray-sur-Saône

C’est pourquoi, ce matin-là, au passage du bac entre Ray-sur-Saône et Queutrey on s’ invectivait, riait, vociférait bruyamment en attendant sa place.

Vers 9 heures, n’y tenant plus, ils se sont précipités, ont bousculé les trois bateliers-passeurs qui ont bien essayé d’appeler au calme mais n’ont pas pu empêcher la foule d’envahir la plate-forme de la barque dans un joyeux chahut.

Ils sont plus de 80 avec bétail et bagages agrippés tant bien que mal sur le vaste plateau de bois devenu subitement trop petit. Certains ont même investi la chaloupe qui accompagne le bac au mépris des règles élémentaires de sécurité !

Les employés se précipitent pour accélérer les rotations. Le courant est important en ce printemps et des remous très impressionnants sont provoqués à cet endroit par un important fond de près de 8 mètres.

Trop tirer sur la corde peut la faire craquer :

On se hâte de traverser à la force des bras en étant nombreux à aider à tirer très fort sur la corde. L’embarcation s’affole, les bateliers crient de faire attention, ça tangue mais, avant que l’affolement s’empare de tous, on en rit bruyamment. Il ne reste plus que quelques mètres avant d’atteindre l’autre rive. Trop tard… le malheur prévisible se produit, la chaloupe chavire en premier puis le bateau surchargé continue à embarquer de l’eau, s’enfonce dangereusement et… coule brusquement en arrachant une immense et effrayante clameur à ceux qui, pas assez combatifs n’ont pas eu la force de s’imposer, n’ont pas pu embarquer et ont continué à attendre leur tour.

Les cris d’effroi sont si déchirants qu’ils atteignent le village de Ray-sur-Saône à 500 mètres de là.

On comprend immédiatement qu’une catastrophe vient d’arriver, on se précipite pour porter secours. Les pompiers abandonnent leur travail et accourent. L’affolement est immense. Rares sont ceux qui savent nager, certains gagnent la rive, on sauve des passagers mais on déplore 16 victimes pour lesquelles les médecins Austry de Ray et Hory de Queutrey, rapidement accourus, ne peuvent malheureusement plus rien.

Une chapelle ardente est dressée dans la dépendance de la maison du batelier-passeur. Les dépouilles des naufragés sont gardées par les pompiers pour les protéger contre “le flot des curieux”.

Les gendarmes arrivent…comme les carabiniers ! :

Toute la journée, les pompiers de Ray-sur-Saône et les volontaires recherchent les effets personnels et surtout les importantes sommes d’argent des personnes décédées pour les rendre aux familles. Le maire de Ray écrit dans le rapport des évènements qu’on peut lire dans le registre du Conseil Municipal : “Plusieurs des victimes portaient des ceintures garnies de sommes assez fortes dont le poids a dû empêcher ceux qui en étaient chargés de gagner le bord en nageant”.

Les gendarmes de Fresne-Saint-Mamès arrivent à 16 heures en compagnie du juge de paix. Le procureur impérial de Gray est sur place dans la soirée.

Et du fond de cette horrible nuit…Dieu est accouru :

Ce jour-là, le préfet de la Haute-Saône Hippolyte Dieu rentre de Paris et regagne Vesoul. Il prend connaissance de la tragédie au dernier relai de poste entre Dijon et Gray. Il demande à sa voiture de faire un détour et arrive sur les lieux tard dans la nuit. Il fait son possible pour féliciter ceux qui se sont dévoués, consoler les victimes et il donne des ordres pour que des récompenses soient décernées aux courageux sauveteurs et que les familles dans le besoin soient secourues…

Ce jour-là, il y eut des actions héroïques et des actes égoïstes. Certains ont donné sans compter, d’autres ont compté sans vouloir donner. Les rires nerveux des familles épargnées n’ont pas effacé les sanglots déchirants des parents éplorés.

Que penser du sort de la fille du cordonnier de Tincey, la pauvre Appoline Joly, abandonnée dans le courant par celui qui était en train de la sauver lorsqu'il s'est apperçu que ce n'était pas son épouse qu'il soutenait...

Pour être complet, je vous propose de terminer mon propos par deux compléments.

-Vous serez ému en lisant la lettre ouverte rédigée par le Docteur Hory, médecin à Queutrey et acteur du drame, publiée dans “Le journal de la Haute-Saône” le 23 mars 1853. C’est un témoignage exceptionnel.

- Vous serez intéressé par la description du fonctionnement du bac à traille. La vallée da la Saône et du Rhône fut longtemps équipée de nombreux bacs de ce type. Les incidents de parcours ou les accidents n’étaient pas rares même si les catastrophes comme celle de Ray-sur-Saône sont heureusement restées exceptionnelles.

Mais d’abord, le compte-rendu du Docteur Hory :

L’article de presse est reproduit aussi fidèlement que possible, il est tiré du Journal de la Haute-Saône N°24 du Mercredi 23 mars 1853.

Le Docteur Hory médecin à Queutrey y raconte ce qu’il a vécu le terrible jour du lundi 14 mars 1853.

L’article se termine par la liste des victimes telle qu’elle est reproduite ici :

 

On ne lira pas sans émotion les détails suivants sur l’affreux accident arrivé au bac de Ray. Nous les prenons dans une lettre de M. le docteur Hory, qu’on à bien voulu nous communiquer.

“Le 14 mars était jour de foire à Vellexon, foire célèbre dans les environs, parce que, tombant au moment des semailles de printemps, elle est également favorable aux acheteurs et aux vendeurs de bestiaux. Vellexon étant sur la rive gauche de la Saône, la majeure partie des arrivages de la rive droite se fait par le bac de Ray. Ce jour-là, la Saône était grossie par la fonte des neiges, et comme ces neiges tardives avaient contrarié et même annulé les dernières foires des alentours, les cultivateurs, enfermés et retenus par le froid de la dernière quinzaine, promettaient de se dédommager à la foire de Vellexon ; donc, le beau temps et la saison aidant, nos prévisions nous montraient une affluence considérable. En effet, jamais affluence n’a été telle. Mais, malheureusement, elle a été fatale à un grand nombre.

Malgré les efforts et les observations des passeurs, le bac de Ray était surchargé de gens et d’animaux à chaque voyage d’une rive de la Saône à l’autre. Chacun voulait entrer sur le bac, y placer ses bœufs, ses chevaux, et c’étaient, comme toujours, les plus ignorants du danger, c’est-à-dire les gens des villages les plus éloignés de la Saône et ne sachant pas nager, qui étaient les plus intrépides à vouloir monter, les plus entêtés à ne tenir aucun compte des observations de ceux qui sont habitués à pratiquer ce passage. Cela est tellement vrai que les familiers de la localité, appréciant le péril, avaient déjà laissé partir le bac à plusieurs reprises sans y monter, attendant un convoi moins chargé.

Enfin entre huit et neuf heures, un nouveau convoi part plus chargé encore que les précédents ; le batelet de sauvetage qui accompagne le bac, est lui-même envahi par les voyageurs. Mais à peine a-t-on quitté terre qu’un frisson de peur a fait trembler les plus clairvoyants des passagers et ceux qui sont restés sur la rive : l’eau affleure les bascules qui servent à la sortie et à l’entrée du bac ; bientôt elle entre dans le bac par l’avant ; on essaye de faire reculer les animaux, elle entre par l’arrière ; malheureusement on est lancé, déjà on est en pleine Saône, et l’on croit qu’en pressant la vitesse, qu’en tirant avec toutes forces sur la corde qui, tendue d’une rive à l’autre, sert à passer le bac, on arrivera avant qu’un malheur soit à déplorer. Ceux qui sont restés sur la rive et qui comptent dans le bac des enfants, des frères, des amis, des compatriotes, suivent avec une sombre inquiétude les phases du passage ; ils voient le péril, mais ils n’ont point de batelets sous la main pour porter secours, et ils ne peuvent que jeter à leurs compagnons leurs cris de détresse et d’adieu.

Cependant on approche ; le bac a l’impulsion que donne la peur ; le courant est traversé, encore une seconde et tout est sauvé. Instinctivement, les passagers se sont rapprochés qui de la corde, qui du batelet ; un silence de mort règne à bord, la langue est collée au palais des plus hardis ; mais l’eau monte toujours ; on jette des bœufs à la Saône pour alléger, le secousse fait encore entrer de l’eau : alors la déroute commence, les esprits se troublent, chacun cherche son salut particulier ; les uns se précipitent dans le batelet ; ceux qui le montent ne peuvent le détacher assez tôt du bac, et n’ont pas la force de repousser ceux qui viennent y chercher un refuge ; les malheureux s’y entassent : aussi sombre-t-il sous le poids avant le bac même, et ces hommes qui se touchent, qui se tiennent, qui se serrent les uns aux autres, se noient les uns par les autres…

Sur le bac, ceux qui ont saisi la corde et qui l’étreignent avec confiance la sentent se détendre ; le bac s’affaisse sous l’eau, le bac tient à la corde, par son poids il l’allonge, elle aussi baigne dans l’eau, et les malheureux qui avaient mis en elle leur espoir, les cent mains qui la tiennent lâchent prise à cette trahison ; ceux qui surnagent dirigent leurs efforts vers la rive, pêle-mêle avec les bœufs, qui le premiers gagnent la terre, en blessant, foulant et écartant les hommes.

Les plus vigoureux ont atteint le rivage ; ils vont tendre la main à ceux qui, saisis par le froid et la peur, périssent là même où ils pourraient prendre pied ; les deux tiers des hommes échappent ainsi et nous arrivent à Queutrey dans un état déplorable. L’eau provenant de la fonte des neiges est très froide : ils étaient transis et égarés par la frayeur. Notre population les a recueillis avec empressement. Un vieillard de ma connaissance n’a pu gagner son logis ; à peine a-t-il atteint la première maison, où il a reçu une généreuse hospitalité. Un autre, et des plus forts, arrive chez nous épuisé, haletant : cinq fois il s’était jeté à l’eau pour rechercher un ami dont il voyait surnager le chapeau ; cinq fois il a ramené des hommes qui luttaient contre la mort, mais non celui qu’il cherchait. Enfin, brisé par la fatigue et l’émotion, glacé par l’eau qu’il avait bue et dans laquelle il avait été longtemps, il venait me demander secours. Cinq minutes après, j’étais sur le théâtre de l’événement.

Les habitants de Ray, montés sur les barques des pêcheurs, rivalisaient de zèle et sondaient la rivière. Trois cadavres étaient déjà retirés. Je trouvai mon collègue Austry, qui s’efforçait de ramener à la vie le premier sorti de l’eau ; je m’attachai au troisième, mais avec quel dépit nous sentîmes que nos secours seraient stériles : la vie et la chaleur avaient abandonné ces pauvres naufragés. Le premier sauvé n’avait ^pas passé moins de vingt-cinq à trente minutes dans cette eau de glace ; les saignées de la jugulaire seules donnaient un peu de sang, mais les frictions les plus énergiques ne purent ramener une apparence de chaleur dans ces corps où le foyer de la vie était éteint.

A midi on avait retiré seize victimes, quinze hommes, pour la plupart forts et très robustes ; beaucoup avaient des ceintures pleines d’argent. La seizième victime était une jeune fille de seize à dix-huit ans, dont le sort mérite une mention particulière. Il n’y avait que deux femmes dans le convoi, cette jeune fille et une femme accompagnée de son mari. La jeune fille, au départ, était en avant du bac, rieuse et joyeuse ; au moment où le bac s’engloutit, la pauvre fille s’accroche à un jeune homme son voisin, et l’étreint dans ses bras ; mais le danger rend égoïste et celui-ci se défait de la jeune fille pour s’échapper seul. Ses vêtements la soutiennent un instant ; alors elle est aperçue par le mari, qui, la prenant pour sa femme, la saisit et l’entraine vers le rivage. En chemin le mari voit une autre femme qui surnage tenant un chien qui la mène au bord ; il reconnait dans la femme que le chien sauve, sa propre femme, lâche la jeune fille, et va au secours de sa moitié, qu’il a le bonheur de ramener saine et sauve à terre. La jeune fille, deux fois sur le point de se sauver, deux fois abandonnée, a été retrouvée tenant un fouet à la main, peut-être le fouet d’un troisième sauveteur qui, lui encore, aura lâché le fouet ou se sera noyé avec elle.

Le chien dont nous venons de parler appartenait à un maquignon des Vosges. C’était en allant au secours de son maître que ce chien avait été pris à bras-le-corps par la femme mariée. Le maquignon, porteur d’une lourde ceinture d’argent, s’est noyé, et son fidèle compagnon, le lendemain encore, poussait sur le lieu du désastre des hurlements plaintifs et semblait redemander son maître aux flots.

Tous les animaux ont échappé. Quant aux hommes morts, à l’exception de deux, probablement foulés par les bestiaux et sur la figure desquels on lisait les efforts de la lutte et du désespoir, les autres paraissaient calmes ; on les eût dits endormis : leur fin avait été si prompte qu’ils n’avaient pas souffert.

Il faut renoncer à décrire les scènes qui suivirent cette terrible catastrophe. Ceux qui avaient échappé à la mort avaient en général perdu la raison. L’un d’eux, après avoir été soigné et réchauffé dans une maison, la quitta trois heures après sans avoir pu retrouver son nom ni le nom de son village. Deux autres riaient et dansaient comme des insensés, tandis que plusieurs, recueillis, allaient à l’église accomplir un vœu. Certains n’avaient, dans le moment, ni la conscience ni le souvenir de l’évènement. Tous ceux que j’ai vus avaient une altération plus ou moins marquée des facultés intellectuelles, qui a nécessité pour se dissiper quelques heures de repos et un peu de nourriture.

La connaissance de l’évènement produisit sur la foire grande rumeur ; on ne savait ni le nombre des morts ni le nombre des sauvés ; ceux qui avaient laissé en arrière leurs parents, leurs amis, ceux qui attendaient quelqu’un couraient à la Saône. Là nous avons vu un père retrouver son fils, des frères retrouver leur frère parmi les morts. Alors c’était une affreuse désolation, tandis que, plus loin, ceux qui pouvaient croire les leurs perdus et qui les retrouvaient heureux de n’avoir pas été du fatal convoi, les embrassaient avec des démonstrations de joie. En un instant, les villages voisins qui avaient des leurs à la foire accoururent par tous les chemins, pleins d’anxiété ; les pauvres mères, tant qu’elles ne voyaient pas et qu’elles ne touchaient pas leurs fils, les croyaient perdus.

Ce terrible drame laissera un long et douloureux souvenir dans nos populations épouvantées et dans les familles éplorées des victimes.”

La Presse Grayloise donne cette liste des individus retirés de la Saône :

1° Pierre PERSON, de Thons, canton de Lamarche (Vosges), porteur de 223 fr 10 c.

2° Jean LANSARD, âgé de vingt-un ans, cultivateur ;

3° François LANSARD, son frère, âgé de dix-neuf ans, de Chargey-les-Port porteurs de 500 fr.

4° Claude-Antoine MÉNÉTRIER, âgé de quarante-sept ans, propriétaire à Fleurey-les-Lavonvourt, avec 300 fr.

5° Philippe MÉNÉTRIER, son frère, âgé de cinquante-trois ans, avec 500 fr.

6° Joseph-Auguste SIMONET, âgé de vingt-six ans, demeurant à Sandocourt (Vosges) avec 517 fr. 80 c.

7° Sébatien VARIN, âgé de soixante ans, maréchal-ferrant à Francourt.

8° Pierre FOLLITOT, âgé de cinquante ans, propriétaire à Francourt avec 86 fr. 25 c.

9° Alexis FERRANT, âgé de trente-cinq ans, propriétaire à Villers-Vaudey, avec 220 fr. 10 c.

10° GRAND dit COCO, âgé de soixante-un ans, demeurant à Aboncourt.

11° Paul VITTET, âgé de seize ans, fils de Jean-François, cultivateur à Vauconcourt, avec 440 fr.

12° François LAILLET, âgé de dix-sept ans, propriétaire à Gesincourt.

13° Appoline-Joséphine JOLY, âgée de quinze ans, fille d’Augustin Joly, cordonnier à Tincey.

14° Claude-Etienne DROUET, âgé de vingt-deux ans, fils de Nicolas, maire de Vannes.

15° MUGNEROT, Jean-Baptiste, âgé de soixante-cinq ans, père, propriétaire à Saint-Marcel, canton de Vitrey.

16° MUGNEROT, Jean-Baptiste, âgé de vingt-quatre ans, son fils, porteur de 520 fr 50 c.

Les effets et l’argent ont été remis avec les corps aux parents, ainsi que le tout a été constaté dans les procès-verbaux.

Et enfin : comment fonctionne un bac à traille ?

Ce type d’embarcation est extrêmement courant depuis le XVème siècle. Le dispositif remplace les ponts pour un coût beaucoup moindre. Dans la vallée du Rhône et de la Saône, on en compte un tous les 8 à 9 km.

Le dispositif est constitué d’une corde, la traille, tendue en travers du cours d’eau entre deux points hauts, souvent deux tours maçonnées. L’embarcation à fond plat est reliée à la traille par un traillon et un dispositif de poulies, la grenouille, permet à l’ensemble de coulisser le long de la traille.

Le bateau, en raison du courant, est toujours en aval de la traille. On peut fixer le traillon soit à babord, soit à tribord. Le courant entraine le bateau en oblique et celui-ci se déplace “en crabe”. Le mouvement est contrôlé par le passeur au moyen d’un gouvernail sommaire en forme de godille et l’ensemble constitué par le bac et sa chaloupe traverse la rivière sans effort.

Arrivé sur l’autre rive, il suffit de changer le côté d’amarrage du traillon pour inverser l’inclinaison du radeau par rapport au courant et revenir au point de départ, toujours sans force motrice autre que le courant utilisé à bon escient.

La navrante traversée du bac de Ray-sur-Saône

Sur cette autre carte postale ancienne, on voit bien le bac, sa chaloupe, la traille fixée à une solide tour en pierre sur la rive et le fort courant contrôlé par le passeur au moyen de son gouvernail.

La navrante traversée du bac de Ray-sur-Saône

Pour être complet, il importe de préciser que dans de nombreux cas, et surtout dans notre région, le bac était constitué par une vaste barge plate se déplaçant le long de la traille perpendiculairement au courant.

Sur la Saône, le faible courant était insuffisant pour déplacer l’embarcation à lui seul. Les passeurs, souvent aidés par quelque solide passager, tiraient le bac le long de la corde tendue dans une joyeuse ambiance fraternelle…

 

Le bac qui se trouvait entre Savoyeux (au pied du château) et Seveux en est un excellent exemple.

Le bac qui se trouvait entre Savoyeux (au pied du château) et Seveux en est un excellent exemple.

Jean-Pierre Vienney le 21 novembre 2020

A la mémoire de toutes les victimes et en particulier d’Appoline Joséphine Joly, fille du cordonnier Augustin Joly, née le 20 mars 1837 à Tincey et décédée dans le naufrage une semaine avant d’avoir 16 ans.

Au début des années 1900, le bac était abandonné et la maison du passeur était dans un bien triste état.

Au début des années 1900, le bac était abandonné et la maison du passeur était dans un bien triste état.

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