Le calcaire blond, humble matériau, était né sur place, on le trouvait facilement en creusant tout de même un peu mais les bâtisseurs ont toujours sû en faire de magnifiques appareillages pour produire de superbes constructions.
Dans les maisons agricoles classiques, les mœllons juste équarris sont parfois smillés, c'est à dire éclatés en surface au marteau à deux pointes. Les encadrements des ouvertures sont toujours finement bouchardés avec leurs palettes périphériques parfaitement hepplées.
Dans les belles maisons cossues que l'on apperçoit souvent derrière leur imposant portail, le travail de la pierre de taille est toujours remarquable.
Des sculpteurs restés inconnus ont affirmé leur foi naïve dans de touchants calvaires installés aux portes du village.
Sans jamais oublier de voir il faut parfois savoir regarder.
La pierre n'est jamais seule. Elle est inséparable des deux autres matériaux locaux: le bois et le fer. C'est avec ces trois là qu'on a, au cours des siècles, construit nos maisons mais surtout crée l'harmonie d'un ensemble architectural homogène et préservé.
Restez dans votre fauteuil, vous êtes convié à une balade pour découvrir les éléments de l'architecture de pierre de bois et de fer du village de Membrey.
Sous les célèbres toits à demi-croupes, encore appelés toits franc-comtois à croupettes...
L'on voit d'abord des portails:
Très chic et pimpants...
L'on voit aussi des oriels (petite construction extérieure au bâti souvent destinée à protéger, dans la cuisine, l'évier de pierre):
Un peu esseulé et perdu.
L'on voit encore des entrées de grange en "voûte à arc surbaissé" dites en "anse de panier":
Encore dans leur jus...
Si l'on fait attention, on peut voir des "niches votives":
La plus remarquable est datée de 1675.
Et puis, s'il n'est pas de bon goût de regarder à travers les œils-de-bœuf, on peut les contempler de la rue!
Celui-là est méchamment défendu
Et puis, il y a les pigeonniers, des constructions qui auraient pu rester utilitaires mais qui toujours bien en évidence, servaient autrefois à satisfaire la vanité ou l'orgueil de leur propriétaire, on les nommait alors "colombiers":
Et, peut-être le plus ancien, le plus coloré et le plus attachant de tous, le seul édifice en torchis de la commune.
Et il y a des portes, plein de portes de bois cloûté, de portes pour enfermer, de portes pour protéger, de portes pour accueillir, de portes pour se cacher ou de portes ouvertes sur le monde...
Et que dire des fenêtres, de leur encadrement de belle pierre bien ajustées, leurs contrevents persiennés colorés et leurs garde-corps de fonte ou de fer très élaborés.
Il y a même deux balcons...mais les volets sont fermés et Juliette a disparu.
L'on peut admirer trois calvaires double face du XVII ou XVIIIème siècle.
Mais aussi, trois croix, trois oratoires, trois fontaines-lavoirs, trois ponts...et seulement deux cadrans solaires!
Celui là, penché sur la route de Brotte-les-Ray et érigé sur un socle plus ancien, porte la date de 1785.
Des représentations naïves de Jésus au sud et Marie au nord.
On peut facilement lire: IN HOC SIGNO VINCES "Par ce signe tu vaincras" ancienne devise des Templiers souvent reprise au XVIIIème siècle.
Un peu plus bas, une longue dédicace, en français, est difficilement lisible. Elle semble citer les noms de donateurs et se termine par la date de 1626.
Le socle porte également un texte obscur et la date, bien lisible, de 1722.
Les trois croix du XIXème siècle:
Sans oublier les deux oratoires et la fontaine de la Vierge.
Les trois ponts:
Très beau pont à cinq arches datant de 1775 et assez bien restauré à l'âge de 240 ans en 2015.
Celui-ci n'a que trois arches mais de très beaux parapets.
Il y en même un à une seule arche au dessus d'un ru asséché.
Et il y a encore trois fontaines-lavoirs:
La fontaine-lavoir du centre du village avec ses élégantes colonnettes carrées.
La fontaine-lavoir de La Côte, son lavoir de pierre asséché, son abreuvoir de fonte abandonné et son habillage de bois délavé.
La célèbre "Fontenotte" construite en 1857 et totalement abandonnée!
Et enfin les deux cadrans solaires:
Celui de la Rue Ravotte."Sicut umbra dies nostri decrescentes" Comme une ombre, nos jours sont décroissants.
Mais on ne peut pas terminer notre petit tour du village de Membrey sans parler du Four banal et du blason qui le décore.
C'est un blason "mi-coupé" avec à gauche de la photo le blason de Jean de Ray dit "de gueules, aux rais d'escarboucles fleurdelissées d'or" c'est à dire représentant des rayons dorés sur fond rouge. Sur la partie droite, deux blasons de familles alliées. En haut peut-être le lion couronné d'Othon IV et en bas, un aigle très effacé, sous toutes réserves,celui de l'anciennne Comté de Bourgogne.
Un spécialiste de l'héraldique de la famille de Ray saura lire cette énigme historique.
Et comme tout finit par des chansons, laissons parler les poètes...
C'est une maison bleue
Adossée à la coline
On y vient à pied, on ne frappe pas
Ceux qui vivent là ont jeté la clé...
La maison près de la fontaine
Couverte de vigne vierge et de toiles d'araignée
Sentait la confiture, le désordre et l'obscurité
L'automne, l'enfance, l'éternité
Autour il y avait le silence
les guêpes et les nids des oiseaux...